Aujourd’hui, j’ai l’honneur de vous présenter Faty. Une mère courage qui ne se laisse jamais démonter. La vie n’a pas été facile avec elle, mais pas de quoi la déprimer. Elle est motivée à partager son expérience du burn out avec le maximum de personnes. Son objectif ? Sensibiliser et prévenir. Elle apporte son témoignage pour informer, donner de l’espoir et encourager. Elle nous raconte son histoire et nous donne quelques pistes à explorer.

Faty, merci d’avoir acceptée mon invitation. Est-ce que tu pourrais te présenter ?

J’ai 38 ans, je suis une maman d’une petite fille de 5 ans. Je suis divorcée. Je vis en région parisienne.

Je travaille dans le milieu paramédical depuis bientôt 20 ans

J’ai obtenu mon diplôme infirmière il y a 14 ans. J’ai repris mes études et obtenu un diplôme de master en santé publique en 2019. Mon objectif était d’évoluer professionnellement et obtenir un poste plus adapter à ma vie de famille.

Une fois le diplôme en poche, j’ai décroché mon premier poste au sein de la fonction publique d’état en janvier 2020. Ça coïncidait avec le moment où la crise de la Covid-19 a commencé à prendre les proportions que l’on connaît. Le travail n’est pas la seule raison de mon burn out. Le contexte personnel (vie de couple) et financier y sont pour beaucoup.

Où en es-tu dans ton burn out ?

Je suis encore dedans. Je commence à reprendre du plaisir. J’essaye d’accepter les baisses d’énergie qui sont encore bien présentes. J’apprends surtout à écouter mon corps. C’est une chose primordiale selon moi pour la guérison

Je vois que tu enchaines les diplômes et les missions. Ou se situe la valeur travail pour toi ?

J’ai commencé à travailler en 2008. Tant que je n’étais pas encore marié, je me consacrais à mon travail sans relâche. J’ai même cumulé 2 boulots pendant 3 ans : un la semaine et un autre le week-end jusqu’en 2013 quand je me suis mariée. Après le mariage, je me suis concentré sur un seul temps plein en CDI.

Le contexte personnel

La maladie

Tu disais que ta vie de couple y était pour beaucoup dans ton Burn out. Est-ce que tu pourrais m’en dire plus ?

Ma vie de couple a été une épreuve. Pourtant, tout avait bien commencé. On s’est mariés au Sénégal. On a vraiment fait les choses en grand : On avait loué une salle sur la « petite côte », on avait fait appel à un traiteur pour que tout le monde puisse profiter…

témoignage burn out

 

Peu de temps après, mon conjoint est venu en France pour y vivre avec moi. C’est là qu’il tombe gravement malade. Pendant longtemps les médecins ne savaient pas ce qu’il avait. Ils n’arrivaient pas à mettre de nom sur sa maladie. On est donc passé de médecin en médecin durant près d’un an. Un médecin a finalement réussi identifier la maladie. Il était atteint d’une maladie auto-immune.

Des difficultés financières.

Pendant toute cette période, je charbonnais au travail et revenais jouer les infirmières à domicile pour prendre soin de lui. C’était beaucoup de travail et de pression sur mes épaules. Je subvenais aux besoins de la famille toute seule. Mon mari n’avait pas encore droit à la sécurité sociale à ce moment. Je devais tout payer de ma poche : Les consultations, les IRM, les radios. Les montants des soins et des frais quotidiens étaient trop importants pour que je puisse joindre les 2 bouts avec mon unique salaire. Heureusement, on pouvait compter sur ma famille. Les problèmes financiers ont duré pendant plus de 2 ans.

Malgré ces sources de préoccupations, j‘ai fini par démissionner de mon poste d’infirmière. Je ne tenais plus physiquement et psychologiquement.

Mon ex-mari n’a jamais été très motivé à travailler, même après sa rémission. Il n’a jamais vraiment participé au frais. Il avait de petites missions, mais ça ne durait jamais longtemps. Il sélectionnait les missions de travail au lieu de soulager son épouse qui était dans de grandes difficultés financières.

Une grossesse difficile.

Je suis tombée enceinte en 2016. Ma grossesse a été très éprouvante. J‘ai perdu 8 kg en 3 semaines tellement je vomissais. J’ai dû retourner vivre chez mes parents pendant 5 mois afin que ma mère s’occupe de moi.

Mon ex-mari avait repris des études en alternance avec son entreprise située hors de l’Île-de-France et je risquais donc d’être seule au domicile.

J’ai été très affaiblie pendant ces 5 premiers mois, mais j’ai pu rentrer à mon domicile conjugal 2 mois et demi avant mon accouchement en étant bien suivi par l‘hôpital. Ça m’a permis de profiter de ma grossesse et préparer l’arrivée de ma fille.

Le choc émotionnel 

Lorsque ma fille eu 6 mois, j’ai décidé de reprendre les études pour obtenir un master en Santé Publique. C’était une opportunité qu’une université parisienne m’a proposé. C’était un projet ambitieux qui devait durer 2 ans. C’était pour moi très valorisant d’obtenir ce diplôme. Ça me permettait d’évoluer professionnellement, d’avoir plus de congés, d’avoir un meilleur salaire et un métier différent de mon ancien poste.

Mon mari ne m’a pas du tout soutenu. J’ai été déçu de sa réaction après tout ce que j’ai fait pour lui. Non seulement il n’était pas favorable à mon projet, mais il me faisait subir des pressions psychologiques :

  • On se disputait à chaque veille du départ à la fac,
  • il refusait d’écouter les consignes concernant les traitements à administrer à notre fille,
  • il faisait ses projets seul sans sa fille et moi-même, il ne faisait pas de sortie en famille….

Ces événements ont fait que nous nous sommes petit à petit éloignés l’un de l’autre. Ce que j’ai découvert plus tard était le point de non-retour… Ce jour-là, je ne sais pas pourquoi quelque chose m’a dit d’aller regarder son téléphone. Ce que j’y ai découvert m’a profondément bouleversée. En consultant ses messages, j’ai appris qu’il était en train d’organiser un mariage dans mon dos avec sa cousine. Ma belle-famille était de mèche et savait, bien sûr, tout ce qu’il se passait. Je suis vraiment tombée de haut. J’ai demandé le divorce.

Un environnement de travail anxiogène

La crise sanitaire

Avec mon diplôme en poche, j’ai trouvé du travail au sein de la fonction publique. Ma prise de fonction coïncidait avec l’apparition de la COVID-19. On ne peut pas dire que j’arrivais dans le service au meilleur moment. Au vu, de la dégradation sanitaire, je faisais des heures supplémentaires, quotidiennement. On recevait des injonctions permanentes pour nous déplacer mes collègues et moi à des kilomètres de mon lieu de travail habituel. Mon temps de trajet était d’au moins 2 heures allers-retours. Les missions que je devais faire étaient complètement différentes de celles qui étaient prévues sur ma fiche de poste.

Des pressions hiérarchiques

L’atmosphère était assez pesante. Ma supérieure directe compensait son manque de qualification par une attitude autoritaire. Elle prenait plaisir à nous pousser à boutElle nous mettait la pression et faisait des exemples en ne renouvelant pas les contrats de ceux qu’elle ne considérait pas comme « assez engagés dans leur travail », autrement dit ceux qui ne voulait pas faire d’heures supplémentaires. Elle pouvait aussi refuser nos dates de congés, même dans le cas où nous avions des rendez-vous extérieurs prévus.

D’autres collègues ont craqué avant moi. Une de mes collègues proches a fait un burn-out. La direction l’a même appelé pendant son arrêt maladie pour lui signifier que son contrat n’était pas prolongé. Avouez que c’est un comble pour des services dans lesquels l’on manque cruellement de personnel.

Le surmenage et la chute

L’épuisement

Étant moi-même contractuelle, je craignais d’être la prochaine. Par conséquent, je prenais très peu de congés malgré la fatigue qui devenait difficile à supporter. J’essayais de tenir le coup tant bien que mal en me disant que l’on était en pleine crise sanitaire et que c’était donc normal d’avoir autant de travail.

Un matin, au lever du lit, je n’ai pas réussi à me mettre assise. Je suis restée clouée au lit sans que je puisse y faire quoique ce soit. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé : ma tête commandait à mon corps de se lever, mais il restait inerte. Ce jour-là, j’avais 8 de tension et pris conscience de mon état de fatigue extrême. Le médecin m’a mis en arrêt pendant 3 semaines.

Les arrêts à répétition 

Je retournais au travail malgré mon état de santé. Aucun médecin n’arrivait à me dire ce que j’avais. Ils invoquaient toujours et encore les mêmes raisons qui expliquaient mon état : le rythme effréné d’une maman solo et les épreuves que j’avais vécu avant.

En plus de cette fatigue j’ai développé un zona en septembre 2020

J’ai alterné les arrêts et le travail pendant plusieurs mois. Aucun médecin ne pouvait mettre un nom sur ce mal qui me rongeait.

J’ai fini par démissionner et mis fin à mon contrat le 31 décembre 2020. C’était devenu une question de survie.

Pendant ces périodes de fatigue intense même me laver me demandait un effort surhumain. Jusqu’au jour où j’ai consulté un psychiatre pour comprendre enfin ce qui se passait. Je me souviens très exactement de ce jour, c’était le 3 janvier 2021. « Madame vous faites un burn out. »

Il m’a dit qu’il allait me faire un arrêt de travail. J’ai d’abord accepté mais après un temps de réflexion, je lui ai dit que je ne pouvais pas m’arrêter car mon dernier poste ne me permettrait pas de toucher d’allocation en ayant démissionné. Et que surtout je débutais un nouveau poste le lendemain.

Une prise en charge pluridisciplinaire

Les traitements chimiques

Le professeur ne m’a pas proposé d’antidépresseurs, car selon lui, ça ne fonctionne pas sur le burn-out. En revanche, il m’a proposé des anxiolytiques que j’ai refusé parce que je préfère me traiter avec des méthodes alternatives et plus naturelles. Hors de question de prendre médocs. Les effets secondaires sont trop importants. Il m’a alors m’a parlé d’une nouvelle technique : La stimulation magnétique trans-crânienne (RTMS). Je ne connaissais pas ce traitement, mais j’étais prête à essayer.

Les stimulations magnétiques

Le professeur m’a prescrit 10 séances. Je les ai enchainées assez rapidement. Je devais m’assoir sur un fauteuil avec la tête immobilisée. On m’a placé une bobine sur le front, on ne sent absolument rien. La séance dure environ 30 minutes. C’est complètement indolore. 2 semaines plus tard, j’ai commencé à ressentir les effets. Il y avait une amélioration sur ma concentration notamment. Malheureusement, ça n’a pas duré, car à ce moment-là, je n’avais pas conscience qu’il fallait une prise en charge globale et pluridisciplinaire

témoignage burn out

Les médecines alternatives

J’ai décidé de tout mettre en œuvre pour sortir du burn out. Du coup, j’ai exploré d’autres pistes :

(Cliquez sur chaque discipline pour en savoir plus)

 

 

Si tu pouvais parler à la Faty qui était au fond du gouffre, tu lui dirais quoi ?

Je lui dirais « tiens bon, la lumière est au bout du tunnel« 

Le burn out est le signe qu’il y a quelque chose qui cloche et qu’il est temps de faire des changements. C’est une sorte de signal d’alarme qui t’avertit que tu n’es pas sur la bonne voie. Ta santé et ton bien-être sont plus important que tout. Surtout, ne culpabilise pas.

Pourquoi as-tu voulu témoigner aujourd’hui ?

J’ai envie de partager mon expérience avec le maximum de personnes pour les sensibiliser au burn out. Je me souviens quand j’en avais parlé à ma famille, ils ne savaient pas ce que c’était et à quel point c’est douloureux d’être dans cette situation. Heureusement, j’ai la chance de pouvoir compter sur ma famille. J’ai l’impression que ça fait partie de ma thérapie de partager et pourquoi pas aider d’autres personnes à ma façon.

J’ai une pensée pour les mamans célibataires à qui je transmets beaucoup de force et de lumière !!!

Je suis toujours en burn out, mais je suis fière de mon parcours, du travail que j’ai pu faire sur moi grâce à un accompagnement et des portes que j’ai pu entrouvrir.

Ne lâchons rien, la route est sinueuse, mais je crois profondément que chacun de nous trouvera sa route et sa paix intérieure, peu importe le temps que ça prendra.

J’espère que ce témoignage vous aura inspiré et qu’il vous motivera pour trouver des solutions à votre cas particulier.

Je vous invite à commenter cet article et à laisser vos impressions.

En tout cas, on est ensemble !

Abdel

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