Mehdi, 34 ans, est une personne ambitieuse. Il vient d’être embauché et il est bien décidé à être digne de la confiance qu’on lui a accordée. Arriver à une place à responsabilité n’est jamais une situation facile, surtout lorsqu’on n’a pas encore eu l’occasion de montrer ce qu’on vaut.
On lui présente ses collaborateurs, les locaux. Mehdi se voit bien évolué dans cette entreprise, mais il sait que le chemin sera long.
« Salut ! C’est toi qui remplaces Anaëlle ? J’espère que tu auras plus de succès. » Le décor est planté. Il savait que la tâche qui l’attendait n’allait pas être simple et il s’y était préparé. Pour lui, on n’a rien sans rien et tout devient plus facile à force de travail.
Les journées et les mois passent et ses 1ers succès l’encouragent à en donner toujours plus. Alors, il s’investit encore d’avantage. Mehdi passe désormais plus de 12 heures au travail et ne rentres pas avant 21h. À la maison, les reproches et les disputes sont plus fréquents. Ceci ne l’incite pas à rentrer plus tôt, au contraire. Mehdi évite le conflit en passant plus de temps à son travail et celui-ci lui donne la reconnaissance qu’il ne trouve plus en dehors. Au fur et à mesure, ses motifs de satisfaction ne tournent plus qu’autour de son travail. Il s’isole dans sa prison dorée et fini par s’épuiser.
Dans un monde incertain, il est devenu commun de faire des heures juste pour montrer qu’on est là et qu’on le mérite. Pour d’autres personnes comme Mehdi, le travail donne une satisfaction qu’ils ne retrouvent pas ailleurs. Certains bourreaux de travail ne semblent pas pouvoir s’arrêter, même si cela nuit à leur santé mentale et physique.

Pourquoi devient-on accro au travail ?

Dans cet article de blog, je partage avec vous le parcours de Mehdi, qui est devenu dépendant du travail et les raisons qui le pousse à travailler toujours plus.

L’excitation du travail :

La vérité est que, parfois, il n’y a rien de plus satisfaisant que de travailler. La poussée de productivité et le sentiment d’accomplissement qui accompagnent l’achèvement d’une tâche peuvent créer une dépendance. Tout comme pour Mehdi, ce genre de sentiment peut facilement devenir un désir inextinguible. Le travail leur donne un but à atteindre, une destination qui incite à continuer même dans les moments difficiles.

L’ivresse du succès : Comment la réalisation d’objectifs alimente la dépendance.

En outre, le fait de franchir des étapes importantes alimente la dépendance au travail. Le fait de livrer un projet dans les temps ou d’atteindre des objectifs ambitieux peut procurer une sensation d’ivresse et inciter à travailler encore plus. L’adrénaline sécrétée lorsqu’on décroche un contrat ou lorsque les clients sont satisfaits nous donne envie de revivre cette sensation encore et encore. Malheureusement, le cycle sans fin de la fixation d’objectifs peut pousser à accepter plus de travail qu’on ne peut en gérer.

La pression sociale : comment les attentes de la société alimentent la dépendance au travail.

Nous admirons les personnes qui travaillent dur et se sacrifient pour leur travail, et nous louons les individus qui donnent la priorité à leur travail. C’est le cas par exemple de Elon Musk qui se vantent de travailler entre 80 et 90 heures par semaines ou de Macron qui ne déclare dormir que 3h par nuit. Cette capacité de travail lui confère une dimension surhumaine qui nous donne envie.
Cette adhésion aux attentes de la société peut alimenter la dépendance au travail.
Cette surcharge de travail peut être imposée par les supérieurs hiérarchiques ou par le volume trop important, mais certaine fois, elle est imposée par soi-même. C’est ce qu’on appelle la conscience professionnelle. Tôt ou tard, si cette situation perdure, sera la cause de problèmes bien plus graves. Le burn out est un engrenage dont on ne se sort pas facilement.

Notre éducation. Sous le prisme de nos parents

Nous forgeons nos concepts de la réussite et du monde du travail depuis notre plus jeune âge. Cette conception nous a été transmise par nos parents et par le contexte culturel dans lequel nous avons évolué. C’est ce qu’on appelle l’imaginaire collectif.
Nos parents nous transmettent ces idéologies à travers leur vécu personnel. Et bien souvent, nous voyons le monde à travers les cicatrices qui les ont marqués et qui ont forgés leur propre système de valeurs.
Quel que fut leur activité professionnelle, nos parents n’ont eu, qu’à quelques rares exceptions près, aucun désir d’épanouissement au travail. Pour eux le travail n’était synonyme que de pénibilité et de dur labeur. Ils ne s’en plaignaient pas d’ailleurs. C’était comme ça ! C’était une manière de gagner de l’argent pour mettre leur famille à l’abri du besoin et le plaisir n’avait rien à y voir.
Nous avons grandi avec cette idée que le travail doit forcément être dur et pénible.

Le statut social : En quête de prestige

Le travail est utilisé pour briller en société. Pour certains les niveaux de salaire ou les avantages en nature nous donne un statut social. On conduit des voitures de luxe mise à disposition par l’entreprise. Chaque avantage, chaque prime, chaque promotion, chaque investissement, l’école où sont inscrits les enfants sont autant d’éléments utilisés pour briller aux yeux de ses collègues ou impressionner ses parents. On court derrière des fantasmes qu’on ne réussira jamais à satisfaire complètement.
Cette quête de statut nous encourage à travailler plus pour gagner plus et avoir encore plus de succès. Nous ne ménageons plus nos efforts et nous y devenons accros. Cette quête de reconnaissance dans les yeux de l’autre est vouée à l’échec sur le long terme, car elle aboutit à l’épuisement et à la dépression.

Le masque de la productivité : La culpabilité de ralentir dans un monde dominé par la société.

Ainsi, la dépendance au travail peut être perçue comme une norme sociétale. Les individus se sentant coupables d’être « paresseux » ou « pas assez motivés » s’ils ne se surchargent pas de travail.
L’humain a besoin de reconnaissance. C’est un besoin vital que l’on manifeste dès nos premières années de vie. Nous recherchons cette reconnaissance de la part de nos camarades de classe, de nos professeurs, de nos parents, de nos collègues ou de nos amis. Certaines attitudes ou comportements nous donnent le sentiment d’être aimé et accepté. D’autres attitudes nous donnent le sentiment d’être mal aimés et nous isolent. La pensée sous-jacente est la suivante : Si nous montrons que nous sommes volontaires et prêts à faire des heures supplémentaires, nous serons considérés et récompensés par l’entreprise et nos pairs. Au contraire, partir à l’heure est trop souvent interprété comme un manque d’engagement et une marque de faiblesse.
Apprendre à reconnaître ce syndrome de l’imposteur et à se connecter progressivement à son vrai soi et à son bien-être est crucial.

Le coût de l’épuisement professionnel : Comment les habitudes de travail affectent la santé mentale.

Cette addiction au travail a un coût : elle nuit indéniablement à la santé mentale. Les personnes qui en souffrent se retrouvent souvent au bord du précipice, au bord de l’épuisement. Et à force de se retrouver dans les limbes, c’est la santé qui en pâtit. Les efforts ne donnent plus les mêmes résultats qu’auparavant. Ce cycle se perpétue, car ce manque d’efficacité aboutit à encore plus d’acharnement. Pour pallier ce manque de performance, le réconfort ne se trouve plus que dans le travail au détriment des relations personnelles ou d’autres activités qu’ils apprécieraient normalement.

Les dangers du déséquilibre : Les dégâts d’un déséquilibre entre le travail et la vie privée sur le bien-être.

Il est essentiel pour la santé mentale de trouver un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Prendre du temps pour soi est tout aussi important pour notre bien-être que de travailler sans relâche. Essayez de limiter la durée de votre travail quotidien, de fixer des limites, de prendre des jours de vacances lorsque c’est nécessaire et de vous adonner à des activités en dehors du travail.

Addiction ou passion

Il est essentiel de faire la distinction entre la passion et la dépendance. Il est tout à fait acceptable d’être passionné par le travail ou toute autre chose, mais il est nécessaire de reconnaître quand cette passion se transforme en dépendance.
La dépendance
L’addiction se manifeste par une fixation intense et constante sur quelque chose, ce qui entraîne des effets nocifs. Par exemple, la productivité que l’addiction au travail encourage à un moment donné conduit inévitablement à l’épuisement professionnel, qui affecte négativement les relations personnelles et la routine quotidienne.
La passion
En revanche, la dépendance à l’égard de la passion n’alimente que de l’énergie positive, poussant l’individu à atteindre ses objectifs tout en conservant des limites saines.

Conclusion

Cet article n’est pas un pamphlet contre la société moderne. Il s’agit juste d’identifier les influences qui nous poussent à faire de notre travail une valeur supérieure aux autres. Donner de la valeur à son travail n’est pas un problème en soi, au contraire. C’est quand il prend toute la place au détriment de la famille, des loisirs, de la spiritualité, de la santé qu’il devient nocif.
Plus important encore, il est vital pour chacun de se détacher et de se libérer de ce formatage pour rééquilibrer nos vies et accorder davantage de place à nos relations et à ce qui fait une vie plus épanouie. Pour cela, nous devons nous reconstruire une identité propre et prendre en comptes nos propres besoins.
Le soutien d’un coach peut vous aider à surmonter l’anxiété et la détresse émotionnelle. Ceci vous permettra de faire le point sur votre expérience et de comprendre les causes profondes de l’addiction. Cela vous permettra également de fixer des limites saines et de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
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